Un arbre, un pré …. Juillet 1969
Je ne sais plus quelle
marque se sert de cette image de cet arbre solitaire dans un champ sans fin,
mais je l’associe à ce moment qui a surement était le plus important dans ce
que j’allais devenir.
Ce souvenir, n’est pas
le fruit de mon imagination. Je l’ai enfouis au plus profond de mon esprit
pendant presque quarante ans.
C’est au cours d’une
séance d’hypnose qu’il a ressurgis. Il ne demandait que ça je pense.
Est-ce une bonne chose
qu’il soit resté enfouis, qu’il soit réapparu, je ne sais pas et quelque part
cela m’importe peu. Je l’ai confronté aux souvenirs de ceux qui ont vécu ce
moment avec moi et aucun doute il n’est pas le fruit de mon imagination.
C’est d’abord un grand
noir. Une obscurité prenante et angoissante qui me glace encore aujourd’hui. Et
il y a cette douleur sourde. Douleur physique ou morale ? Ça encore
aujourd’hui je ne saurais le définir, mais une douleur sourde et insupportable.
Cette sensation d’être dans un cauchemar, vouloir se réveiller et ne pas en
être capable.
Je suis la enfermé dans
ce noir, et j’entends ces pleurs. Pas mes pleurs, pas ceux d’une seule
personne, mais un mélange exprimant autant la tristesse que la douleur. Des
pleurs de désespoir, des pleurs qui vous effraie, des pleurs qui vous donne une
idée de ce que peut être l’enfer.
Des cris de douleur,
des cris de détresse, des cris sans réponse..
Une mélodie
insupportable faite des pires souffrances humaines.
Et moi je suis la perdu
dans cette océan de désespoir. Moi petit faible, impuissant, …
Alors moi aussi je
pleure..
Ou es tu toi
maman ? Ou sont tes bras qui vont me sortir de cet enfer ? Combien de
temps cela va-t-il durer ? Mais vous mes sœurs, mon frère, venez me sortir
de la ! Vous qui jusqu’ici m’avait souris, chéris, serré dans vos bras ou
êtes vous dans cet instant ou rien ne devient supportable.
Et puis plus rien, me
suis-je endormis, ais je vraiment oublié les heures qui ont suivis, peut être
qu’un jour elles ressurgiront. Je ne sais pas si je le souhaite ou si je le
crains.
Je préfère me dire que
je me suis endormis et que je me suis réveillé dans cet hôpital espagnol, à tes
cotés maman.
Si je dois redevenir
cartésien, ce souvenir n’est qu’un accident de voiture. L’histoire d’un père de
famille qui conduisait sa famille au Portugal pour des vacances dont rêvait
tout le monde rêvait. Nous étions partis, d’Orléans, à 8 dans cette voiture, et
nous ne sommes jamais arrivés.
T’es tu endormis toi
papa qui ne voulait pas céder le volant à ton épouse ? As-tu présumé de
tes forces ? As-tu perdu le contrôle de ta voiture ?
Peut importe les
causes de cet accident, il a eu lieu et c’est déjà bien assez dur de se dire
que se jour la je t’ai perdu et que ma sœur Dominique t’a accompagné. Bien
assez dur de me dire que je n’ai aucun souvenir vivant et heureux de vous deux.
Bien assez dur d’imaginer ce que nous aurions pu vivre ensemble. Bien assez dur
d’avoir grandis sans avoir ton regard sur moi. Bien assez dur d’avoir du élever
mes enfants sans suivre ton exemple.
Comment pourrais-je
aujourd’hui te condamner, à quoi cela servirait il de rechercher des causes.
Cela a eu lieu et nous
avons tous du apprendre à vivre sans vous deux.
Alors papa, même si je
ne t’ai quasiment pas connu quand l’on me raconte ta vie, et bien moi je suis
fier de toi et quelque part je suis honteux de ne pas être à ta hauteur.