A l’époque la mixité sociale n’avait pas encore été inventée. Je ne
me souviens pas avoir croisée de « pauvre » ou de
« riche », ou alors, peut être que cela ne se voyait pas, ou plus
probablement que je n’y faisais pas vraiment attention.
Dans ma cité, il y avait des portugais, des espagnols.
Enfin je
crois avoir entendu qu’il y en avait, parce qu’à vrai dire, ni moi, ni mes
potes nous n’y faisions attention. A cette époque, les seules femmes voilées
était les vielles dames… aucun politicien n’avait encore légiféré sur le port
du voile.
Je me souviens qu’il y avait des pieds noirs. Longtemps je me suis
demandé ce que c’était les pieds noirs. Au début j’ai pensé que c’était des
petits descendants d’une tribu amérindienne qui était venus se réfugier en
France pour fuir les persécutions des tuniques bleus. Je me suis quand même
rendu compte qu’aucun ne portait des plumes et qu’ils ne ressemblaient pas
vraiment aux descendants de Cochise ou de Geronimo.
Ensuite j’ai pensé qu’ils
faisaient partie d’un club de sport. De l’autre côté de ma rue il y avait un
club qui s’appelait les Pieds Blancs- Les Aydes, alors dans mon esprit enfantin
j’ai pensé qu’un club concurrent existait… Les pieds noirs. Bref même s’il y
avait des pieds noirs dans la cité, et bien qu’on ne pouvait pas les reconnaître
au premier coup d’œil en fixant leurs chaussures.
Ma cité c’était 27 maisons et un formidable terrain de jeux pour
l’enfant que j’étais. Un terrain de jeux délimité par la rue masse, la rue Paul
Verlaine et la rue de l’ormerie. Je ne franchissais que rarement ces frontières
pour pénétrer dans d’autres territoires. Pourquoi l’aurais-je fait, tous mes
amis étaient quasiment là, et nous avions bien assez de cet espace ludique.
Il ne faut pas non plus imaginer que c’était 27 pavillons
enchantés. Les maisons avaient toutes la même architecture : un cube de
béton, plus ou moins grand avec un toit plat. On ne peut pas dire que la
priorité avait été donnée à l’esthétisme, mais au moment de leurs
constructions, il y avait une grande partie de la France à reloger.
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