8H30 Bayonne
Que d’aller et venue ce matin dans ma chambre. Ouverture des volets
(et oui en clinique psychiatrique les fenêtres sont fermées à clés par le
personnel soignant), visite du psychiatre, prise de tension, petit déjeuner et
tout cela en vingt minutes. Tu parles d’un réveil en douceur…
Que dire de la journée d’hier ? Je me suis rapproché d’Erika.
Un sujet lourd, ici pour une désintoxication alcoolique avec un passé social et
familial qui la plombe. Il y a tellement de violences, de tristesses et de
fatalisme en elle. J’arrive à la faire rire et ce n’est déjà pas mal non ?
J’ai peu de contact avec les autres patients qui, jour après jour,
répète les mêmes histoires, se posent les mêmes questions. Ça n’a aucun
intérêt.
13H30
La journée est très pluvieuse. Les Pyrénées sont noyées dans les
nuages. La température a notablement baissé, tout semble humide, j’ai froid.
Le changement de météo a plongé l’ensemble des patients dans un
état léthargique, étouffé par cette couverture cotonneuse. Ils ont l’air d’imaginer
que je suis là pour une cure de désintox (comme la grande majorité). Ils ont
raison de se poser des questions, parce que, en fin de compte, moi-même je me
demande ce que je fais là.
J’ai repris une alimentation « normale », je fais du
sport, je me repose, mais le travail sur moi-même je pourrais le faire tout
seul au dehors. Je me sens en total décalage avec cette population qui a perdu
toute notion d’autonomie. A part l’entretien infirmier d’hier, l’équipe
soignante ne m’est d’aucun secours.
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