17H00 Hossegor
Je regarde, à mes pieds, les vagues qui s’écrasent dans un bruit de
doux tonnerre. Chacune charrie son lot de gravier qui frappe mes tibias. Quelle
force fantastique et en maintenant calme, pour vague après vague, réduire ses
cailloux en ce sable si fin qui fait le bonheur des touristes qui en ce mois de
juillet ont envahis la plage.
Le soleil, l’océan, le sable se moquent bien de toute cette viande
étalée et mise à nue. Inexorablement, le soleil brule, les vagues frappent, el
le sable envahit.
Beaucoup autour de moi ont du attendre de nombreux mois avant de
gouter à ces moments de détente. Ces moments font maintenant parti de mon ADN.
Chaque vague que je contemple, chaque grain de sable que je foule
sont autant de fragments d’elle. Des poussières de ces moments de joie et de
peine que nous avons vécue face à cette immensité.
Encore maintenant chaque minute de ma vie, chaque lieu, sont
marqués au fer rouge de son souvenir. Oui je l’aimais, et je pense que je
l’aime toujours.
La raison ne l’a pas emporté sur cet amour ; parenthèse de
deux années qui aujourd’hui encore brûle mon esprit et mon énergie.
22H00 Saint Paul les Dax
Ce soir j’ai encore eu la preuve que l’âge ne rend ni plus sage, ni
plus beau, ni plus respectueux. A coté de notre table, au restaurant paillotte
de Régis, il y avait un groupe de grands parents accompagnés de leurs petits
enfants. Dès le début du repas, ils ont adoptés ce comportement hautain, que
l’argent et l’âge, leur semblait de bon alois.
Les enfants cela bougent et cela jouent, et, malencontreusement une
des petites filles a cassé un verre. Dans un autre restaurant, un coup de
balais et les traces de l’accident auraient rapidement disparu.
Mais voila, le restaurant de Régis est sur la plage du lac d’Hossegor,
et le sol c’est le sable. Chaque éclat de verre devenait de fait un piège
dangereux pour les pieds de chaque convive. Pour ce repas, et les suivants le
risque était réel.
Aucun des vieux n’a bougé… Encore pire, ils ont totalement ignoré
la petite fille qui leur signalait sa mésaventure.
Alors un père de famille et un adolescent hollandais d’une table
voisine se sont déplacés pour déminer le terrain.
Une fois leur bonne action accomplie, je m’attendais à ce qu’ils
soient remerciés en retour par ces grabataires. Et bien non, les vieux sont
restés le nez dans leur assiette. Peut-être qu’à leur age, des remerciements
étaient au dessus de leurs forces.
Le jeune hollandais leur a quand même fait la remarque, et plutôt
que de le remercier et d’éprouver un peu de sympathie, ils l’ont rabroué pour
« son manque de respect ».
Et voila, comme quoi l’âge n’est pas une garantie de sagesse et
d’éducation et que l’égoïsme et l’individualisme ne datent pas de ces dernières
années.
23H00 Saint Paul les Dax
Ce soir j’ai envie de crier ma douleur, de crier mon besoin de
remplir ce vide qu’elle a laissé, de crier comme un animal, de crier vers la
lune.
Mais crier ne sert à rien, personne n’écouterait, personne ne
comprendrait et tout le monde s’en fout.
Alors pour ne gêner personne je crie vers mon ciel intérieur. Je
crie ma douleur d’avoir perdu cette petite flamme intérieure qui me faisait
encore faire des rêves merveilleux.
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