Les maternelles.
De ma troisième à ma
septième année je ne garde que des souvenirs fragmentaires et flous. Je
n’arrive pas à remettre des dates ou une chronologie à ce fatras d’images
éparses.
Je n’ai aucun souvenir
de mon retour à la maison, ni de replacer des émotions, des mots, des
sensations… Aurais-je décidé de faire le vide, décidé d’effacer ces
images ?
On me l’a dit. Au
retour j’ai refusé de marcher comme avant. J’ai repris le déplacement à quatre
pattes du bébé. Combien de temps cela a-t-il duré je ne le sais pas. Peut être
que j’ai cherché à remonter le temps. A retrouver le temps d’avant le choc,
comme si le fait de reprendre une attitude primale pouvait permettre que l’on
revienne en arrière. Je ne sais pas …
Je me souviens que je
suis passé par trois écoles maternelles.
Je n’ai garde qu’un
seul souvenir de chacune d’elle.
De l’école Michelet, je
ne garde que ce soir ou je me suis retrouvé seul le soir … Enfin seul, je ne
sais pas, mais j’étais le dernier enfant présent. J’ai eu peur de l’abandon.
Une angoisse plus qu’une peur, je savais que l’on viendrait me cherchait mais
chaque minute me faisait douter. J’ai gardé l’image d’un mur beige devant moi.
Etait ce la couleur de la pierre ou du crépi ? Ce jour la je n’ai pas été
abandonné mais je ne sais plus qui est venu me prendre par la main.
Je me souviens de
l’école Notre Dame. Je me souviens de ces récréations passée à refaire ces
activités manuelles que mes camarades réussissaient rapidement. Je me souviens
de ces institutrices qui ne voyaient pas que ce n’était pas que je voulais pas
mais que je ne pouvais pas. Je me souviens de cette honte d’être mis à l’écart.
Je me souviens de cette colère face à ces mains qui me trahissaient, qui ne
répondaient pas à mes ordres. Mais pourquoi les autres y arrivent et pas
moi ??? C’est décidé je déteste toutes ces activités manuelles !
Je me rappelle de
l’école des Blossières. De cette école presque neuve cernée pas des barres de
béton. De ces HLM, qui avaient poussés plus vite que des champignons au début
de l’automne. Je me rappelle de cette violence des récréations qui me grisait.
De la lutte entre ces bandes qui se faisaient et se défaisaient. De cette
camaraderie brutale, de la simplicité des relations, et de cette dent que j’ai
perdue en confrontant mes envies avec celles d’un camarade de classe.
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