Repère …
Comme dans toutes les
évasions, les moments de délire il est important à un moment ou un autre de
situer des repères afin de ne pas se perdre ni perdre ceux qui nous suivent.
Je suis né en 1966,
année ou le chômage n’était encore qu’une vue de l’esprit, le monde était en
paix depuis un peu plus de 20 ans. Les séquelles de la guerre s’étaient enfin
effacées. Les Rolling stones commençaient tout juste à concurrencer les Beattles,
et un duo d’homo prenait la tête des charts avec « le son du
silence ».
Je suis le petit dernier.
Mes parents quand ils
se sont mariés pouvaient ils imaginer qu’ils allaient donner naissance à 7
enfants ?
Vu de notre regard on pourrait les traiter de catholiques
intégristes mais, si vous ne pouvez vous rappeler, la contraception est
beaucoup moins vieille que moi.
Est-ce que ce petit
couple de fonctionnaire de la préfecture du Loiret s’attendait à cette vie
quand ils se sont dits oui en 1947… Pouviez vous imaginer votre futur, toi la
petite brune avec tes cheveux bouclés et tes lunettes bien trop grande, et toi
à peine plus grand flottant dans ton costume, le cours qu’allait suivre votre
vie ?
Vous avez eu Michelle,
puis Claude, Dominique, Chantal, et sort du destin Brigitte et Denis … Un
garçon enfin… D’ailleurs aviez vous rêver d’avoir un garçon ?
En 1955 la famille était constitué, stable, sereine.
Toi papa tu passais ton
temps entre ton travail, la ligue de foot dont tu allais devenir président et
cette mutuelle de la préfecture dont tu étais un des membres fondateurs.
Pourquoi toute cette activité ?
Etait-ce une revanche face à ces collègues
qui te traitaient de cul terreux parce que tu n’étais que le fils d’un ouvrier
meunier reconvertis en épicier ? Est-ce le fruit de ton orgueil ou la
preuve d’un vrai dévouement envers autrui ? Encore aujourd’hui dans mon
imaginaire d’adulte je te vois plutôt comme un héros de la lutte sociale, mais
peut être n’étais tu qu’en quête d’une revanche sur ton origine …
Et toi maman, qu’as-tu
ressentis pendant ces longues années ou
ton maris se consacrait à la terre entière, mais pas à ces heures précieuses
qu’il aurait pu passer avec toi ? Le savais tu avant de l’épouser ? Jamais
je ne t’ais vu te plaindre. Tu l’aimais ça j’en suis sur et ton amour a permis
ce sacrifice énorme d’une vrai « vie de famille » … Penses tu
qu’aujourd’hui une plaque en marbre et le nom de ton maris sur un stade délabré
valaient ce sacrifice ? Je ne sais qu’une chose c’est que jamais tu ne
t’es plains.
Oui en 1955 votre œuvre était accomplis, vous pouviez souffler, 6 enfants, même pour l’époque c’était énorme.
Toi maman tu as attendu
tes 15 ans de service actif pour prendre cette retraite des mères qui se sont
dévouées à notre état. Toi papa tu progressais aussi bien dans ta carrière que
dans tes responsabilités associatives. Votre vie vous semblez t’elle
tracer ?
Vous avez vécu 11 ans
de stabilité, de projet d’avenir à 8 …
Et en 1965, bonheur ou
… La vérité s’est fait jour. Toi maman tu portais ton septième enfant. Tu
portais cet être qui aujourd’hui écrit ces quelques lignes.
Comme tu me l’as dit,
tu n’as pas sauté de joie mais j’étais la et jamais personne de m’aurait
arraché de ton ventre.
Et toi papa est ce vrai
que tu es resté enfermé deux jours dans ton bureau afin de pouvoir supporter ce
bouleversement ?
Je suis un accident et un rescapé. L’accident d’un enfant non désiré, et rescapé d’un avortement possible de l’autre coté de la Manche.
Selon les psychiatres,
il parait que le fait d’être non désiré est un trauma important. J’ai juste une
question pour vous brave docteurs pétris de vos certitudes, pensez vous qu’un
seul instant j’ai pu penser avoir été désiré ? Alors ‘il vous plait
arrêter de heurter mon intelligence …
Je suis le septième,
l’accident, le petit frère apprentissage des enfants de mes frères et sœurs. Je
suis celui que personne n’attendait mais qui surement a été le plus chéris. Je
suis celui que la famille a regardé grandir comme une promesse. Je suis celui
qui n’a rien partagé dans mon enfance avec vous qui êtes mes ainés. Je suis le
frère, le fils, celui a qui on pardonne tout. Celui qui n’a jamais eu que les
frontières de l’amour que vous avez dressé autour de moi.
Je suis la preuve et la
honte qu’une femme pouvait ressentir à 39 ans à cette époque de coucher encore
avec son maris.
Je suis l’inattendu,
l’inconnu, la honte, mais je suis.
Je vous ai fait rire,
déçu, irrité, j’ai été et je suis celui qui vous a bouleversé.
Aujourd’hui j’ai déjà
vu partir trois de ceux qui se sont penchés au dessus de mon berceau, j’ai
disparu de l’horizon de mon seul frère, mais sachez que ce qui me fait le plus
de mal c’est que en toute logique, je vous verrez tous disparaitre et que à la
fin je resterais seul.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire