De 10 en 10….
Voila dans deux semaines je quitte mes cinquante ans pour passer
vers les cinquante et un…. Je commence la route pour arriver à mes soixante
ans, et, ce matin je me suis réveillé à celui que j’étais à chaque fin de mes
cinq premières dizaines d’années.
A 10 ans….
J’étais un enfant heureux, même si je savais déjà que j’allais
bientôt quitter la maison de mon enfance pour aller vivre dans cet appartement
de centre ville. A l’image de Tanguy et Laverdure, les Chevaliers du ciel, je
me rêvais futur pilote de chasse, tenant fermement le manche à balais d’un
Mirage F1.
A 20 ans….
J’ai eu mon bac au mois de juin. Oui j’ai pris mon temps, manque de
travail, laissé aller et erreurs d’orientations, plus que de vraies
difficultés…
Je rentrais à l’IUT de Limoges, j’avais trouvé ma voie, j’allais
être commercial. Je travaillais enfin, je n’avais plus le droit de prendre mon
temps et encore moins le droit à l’échec…
Je me rêvais une vie de requin célibataire, une pousse de Bernard
Tapie et des 80’s années frics par excellence.
A 30 ans…
J’étais marié depuis presque deux ans, père depuis un an.
J’avais abandonné mon rêve de grande carrière commercial pour devenir fonctionnaire. J’ai perdu en salaire pour une illusoire nouvelle carrière et une encore moins certaine « sécurité de l’emploi ». Je ne me doutais pas à l’époque que France Télécom allait devenir Orange, et qu’une entreprise publique allait devenir une SA.
J’avais abandonné mon rêve de grande carrière commercial pour devenir fonctionnaire. J’ai perdu en salaire pour une illusoire nouvelle carrière et une encore moins certaine « sécurité de l’emploi ». Je ne me doutais pas à l’époque que France Télécom allait devenir Orange, et qu’une entreprise publique allait devenir une SA.
J’étais le plus jeune cadre de la région et vu la pyramide des âges
je pouvais espérer avoir une « belle » évolution professionnelle.
La famille que je venais de constituer allait quitter Le Havre pour
Rouen. Barbara allait rentrer à l’école d’infirmière et vu nos capacités
financières j’apprenais à faire les courses avec une calculatrice… mais
l’avenir ne pouvait qu’être rayonnant.
A 40 ans…
Trois enfants, une maison, deux salaires…. Une famille française
dans la norme, presque une image de carte postale.
J’avais abandonné mes rêves de carrières pour m’engager dans le
syndicalisme. Révolte face aux réorganisations, aux méthodes managériales plus
que contestables, mais aussi un moyen de trouver du temps pour me consacrer à
mes enfants. En septembre je vais tenter une expérience dans l’éducation
nationale, elle se révélera catastrophique.
J’ai pris vingt kilos depuis mon mariage. Ma vie s’inscrit dans une
routine bien calée. Barbara veut un quatrième enfant, pas moi…
Je m’ennuie, et j’entrevois déjà le divorce qui finalement n’aura
lieu que deux ans plus tard.
A 50 ans…
Je suis seul.
J’habite à 800 kilomètres de mes enfants.
J’ai vécu un amour de folie et un amour d’illusion.
J’ai un boulot, qui sans me passionner, me plait.
Je ne rêve plus. J’enchaine les jours les uns après les autres en
attendant de voir ce qu’ils vont m’apporter.
Il m’arrive encore de rire, mais j’ai perdu la folie qui m’a
accompagnée durant les dix années précédentes.
Je suis vivant, mais je ne rêve plus.
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