Réveil à 8H05, enfin je me suis levé à 8H05. On peut dire que ma
nuit à commencé à 20H00. Bien que je me sois réveillé plusieurs fois la fatigue
et le sommeil ont à chaque fois repris le dessus.
Voila dix jours que je suis ici et je commence à m’habituer à la
lente litanie des jours qui se succèdent.
J’attends avec impatience les nouveaux ateliers pour apprendre,
revoir, découvrir des nouvelles techniques de travail sur moi-même.
Mon seul intérêt au monde extérieur est M. J’ai envie de lui faire
l’amour, serrer son corps contre moi, lui caresser les cheveux. J’ai envie d’elle, je l’aime et elle me
manque.
14H
le planning vient d’être affiché. Rien de programmé pour mon
groupe, j’ai d’un coup l’impression de perdre mon temps. Je vois le psychiatre
et l’infirmière référente demain et si rien ne change dans le programme je
sors.
C’est vraiment une journée de tempête dans ma pauvre petite tête. Mes
sentiments envers les humains qui m’entourant sont ils
« normaux » ?
Suis-je si différent ?
Pourquoi je n’arrive plus à avoir de compassion pour ceux qui
m’entourent ? Peut être ne suis plus apte à le faire ? Peut être
suis-je usé ? Peut être suis-je trop exigeant avec moi-même et les
autres ?
Admettre et pardonner, à soi même, aux autres, peut être trouverais
je des éléments de réponse dans mes travaux et lectures.
16H
Que de définition de l’amour… Je les comprends et je les
différencie bien. Les ai-je toute déjà vécues ? Non surement pas, et en
étant enfermé ici la conception christique du prochain m’est insurmontable.
Comment pourrais je aimé comme moi-même ce rassemblement d’égoïste, de
tricheurs ou de lâche.
Si vous lisez un jour ces quelques lignes ne me jugez pas trop durement.
Vous pénétrez dans ce cahier avec votre monde et votre vision qui ne sont en
rien comparable à mon univers dans cet établissement.
Vous ne pouvez imaginer ce qu’est ce troupeau qui se rassemble à
heure fixe autour de cette table en plastique. Troupeau, je fais mien ce
qualificatif car à heure fixe, sans aucun signal ils se rassemblent. Vous
pouvez me dire que c’est pour fumer ou boire un café. Et bien non car il y a
aussi la des non fumeurs et d’autres qui ne boivent jamais de café.
Arrivent en premier les égoïstes qui ne sont la que pour retrouver
un auditoire à leurs expériences. Comme si elles pouvaient nous être utile en
quoi que ce soit. Bien sur ils n’écoutent qu’eux même car rien d’autre ne les
intéresse. A la moindre occasion il reprenne la parole à leur compte pour la
garder le plus longtemps possible. Leurs vies sont bien plus fantastiques et
importantes que les nôtres, et ils nous le font bien sentir.
L’égoïste est toujours entouré de son cortège de passifs. Ils le suivent tels des goélands suivant un
chalutier, à la recherche de déchets d’affection. Soyez surs, brave volatiles,
que le festin sera bien maigre.
Il y a aussi les lâches. Ceux qui sont la, mais qui, à la moindre
occasion contestent ou renient ce qui les a conduit dans ce
« château ». Dans ce tas il y a le sous groupe des révolutionnaires
de pacotille. Ils se comportent comme
des cancres en disant espérer se faire renvoyer. Mais pourquoi ? Nous
sommes tous ici de notre plein gré et nous savons tous pourquoi. Vous manquerez
t’il juste un peu de courage pour simplement démissionner et partir ?
Serez ce plus honorable d’être renvoyé ? Ridicule, toute démission est une
défaite. En fait vous n’êtes plus capable, vous ne pouvez plus porter le poids
de vos décisions.
Enfin il y a les menteurs et moralistes. Ceux qui boivent et se
droguent en cachette, et qui, le moment venu, nous assène autour de cette table
des grandes leçons de morales et leur plus belle vision de
« l’après ». Comment pouvez vous nous parler de l’avenir, alors que
vous n’avez pas encore digéré votre passé.
Je suis certains que vous me jugez asocial ou orgueilleux. Pourtant
sachez, qu’à cet instant, je les plains
bien plus que je les déteste.
Vous êtes ici à vous soigner de l’alcool en vous bourrant de
médicament. Une addiction pour une autre, le mal pour le mal. Peut être
avez-vous peur de regarder en face ce mal qui, comme moi, vous a conduit ici.
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