Ce matin le ciel déroule ses nuages et leur cortège de pluie.
Depuis le début de cette semaine de congés c’est le premier matin
que le son mélodieux de mon téléphone me sort de mon lit. Oui hier soir c’est
avec joie que j’ai réactivé mon alarme matinale.
Revenons à hier soir, comme tout les soirs nous avons échangés,
avec l’élue de mon cœur, notre lot de SMS nocturnes.
A travers ses mots, ses phrases, ses images, j’ai senti une baisse significative du niveau de son moral. Les photos
de petit homme, ses commentaires, tout cela sentait la montée irrésistible du
cafard.
Est-ce que je
la connais bien, ou mieux qu’un autre ? Oui peut-être mais jamais je
n’aurais la prétention de la certitude. Quoi qu’il en soit je l’ai senti je
l’ai senti. Ce n’est aucunement de la prétention, mais j’étais certain de mon
intuition. Une intuition presque animale, car en aucun cas elle était le fruit
de ma réflexion.
Puis les mots sont arrivés :
Elle : « On mange ensemble demain midi ? »
Moi : « Si tu veux. »
Elle : « Je rigole »
Moi : « pas moi »
Vous me
trouvez excessif, ou fou ? Mais peut on prétendre être amoureux si on ne
fait pas 1 heure de route pour juste déjeuner avec la femme que l’on aime,
contempler ses yeux et essayer de lui arracher un sourire.
Pour moi la question ne se pose même pas et j’ai pris la décision
en moins de temps qu’il ne faut pour écrire « Je t’aime ».
Alors ce matin je me suis levé avant le soleil pour approcher mon
étoile.
Nous nous sommes retrouvés sur une aire d’autoroute comme nous
l’avions déjà fait quelques fois. Malgré la pluie et le froid, nous avons bu un
café, un thé, échangés quelques mots, rires, sourires et anecdotes.
Puis nous avons mangé dans cette petite brasserie proche de
l’hôpital ou nous allons commencer à avoir nos habitudes. Nous avons vécu ensemble des moments que beaucoup jugeraient banals.
Moi j’ai vécu des moments uniques de complicité, de confiance, d’amour
peut-être.
Au moment de nous quitter, mon étoile m’a fait le plus beau des
cadeaux, un cadeau dont je ne pouvais rêver. Un JE T’AIME.
Pas un
« Je t’aime » d’habitude, pas un « je t’aime » en réponse
au mien mais un « je t’aime » spontané qui sortait du cœur.
L’ai-je rêvé ? Non car mon ouïe l’a saisi et mon cerveau l’a
gravé à jamais.
Ces trois mots dans sa bouche sont le plus beau cadeau que m’a fait
cette journée pluvieuse.
C’est le cœur joyeux de ce
bonheur, et, triste de la quitter que j’ai repris la route pour mon rendez vous avec mon médecin.
J’arrive, je monte les deux étages quatre à quatre car j’ai cinq
minutes de retard et j’ai horreur de ça. Je m’assois dans la salle d’attente,
mais aucune attente, la porte s’ouvre, c’est mon tour, je vais avoir un début de réponse à ces doigts qui se sont déformés.
Je rentre dans le cabinet de consultation, et la il se lance dans l’explication des soucis
qu’il a eu avec Orange et son téléphone mobile. Outre le fait que la moitié
de son histoire il me l’a déjà raconté la dernière fois. Je commence à me dire que je vais creuser le trou de la sécurité
sociale à écouter les réclamations d’un client somme toute bien ordinaire.
Quelle
catastrophe pendant son dernier séjour de quatre jours à Marrakech son
téléphone mobile n’a pas fonctionné. Et pire encore sa maman n’a pas eu de ses
nouvelles, et son remplaçant au cabinet a déclenché l’alarme et n’a pas pu
le joindre.
Mes nerfs
commencent à se tordre. Comment faisait-on avant ? Comment faisait-on sans
téléphone mobile ? He bien je vais vous le dire… Sa maman ne se serait pas
inquiété et aurait attendu une carte postale qui serait arrivée après son
retour, et son remplaçant se serait sorti les doigts du cul et, aurait
tout seul, comme un grand, réussi à couper l’alarme.
Le téléphone
mobile est avant tout un outil qui nous sert essentiellement à nous sentir
indispensable ; et accessoirement à financer mon salaire mensuel.
Je vous jure si un jour il vient à la boutique je lui parle de mes
migraines de la nuit passée et je lui rajoute 22 euro à sa facture.
Enfin il se rappelle
que c’est lui qui est la pour m’écouter et non l’inverse.
Je lui montre mes doigts, lui montre les effets, il touche, essaie
de les faire bouger…
Bizarre comme la il est moins bavard. Eh garçon, c’est maintenant
que j’ai besoin que tu me parles, que tu me répondes…
Bref pas
meilleur diagnostique que sur internet, je ne suis pas plus rassuré, je n’ai
pas plus de réponses. A la place je me retrouve avec une ordonnance pour une
prise de sang lundi matin.
Carte vitale,
carte bleu, poignée de main mais mes peurs et mes doutes je ne les ai pas
déposé.
Et que restera-t-il dans l’histoire de cette journée ?
Une guerre de civilisation se poursuit au moyen orient, notre
président a reconnu qu’il n’avait plus aucun pouvoir sur notre destinée, des
africains meurent d’une épidémie qui
aurait pu être évité si l’humanité avait consacré, 10% de son budget
militaire à la guérison plutôt qu’à la destruction.
Mais nos journalistes ont fait leurs gros titres sur
une pauvre fille siliconée et complètement barrée, qui a poignardée son mec
dans une piaule d’hôtel.
Quel est le
sens de notre vie si on le situe au niveau des titres de nos journaux….
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