Ça y est cinq jours sans rien mangé de solide. Je ne pensais pas que physiquement on pouvait
tenir le coup. Je suis la preuve que oui…
Je ne dis pas que c’est bien, qu’il faut suivre mon exemple, bien
au contraire.
Il est vrai que des sensations bizarres se succèdent. La faim, oui
bien sur, mais c’est largement supportable.
Bien évidemment j’ai déserté les toilettes, hormis pour pisser.
J’aimerais avoir une caméra pour voir exactement ce qui se passe à l’intérieur
de mon corps.
Ne vous méprenez pas je n’y trouve aucun plaisir, ni aucune fierté.
Je me trouve même assez ridicule d’avoir fait remarquer à Elodie et
Melissa que j’avais maigri. C’était juste ridicule. Il faut que j’arrive à
abandonner cette fierté autour de mon corps et de l’image que je renvois. Il
est urgent que je travaille sur mon ego.
Les parents de Caroline étaient (ils le sont peut être toujours)
membre d’une association de proche d’anorexique qui s’appelle « Nourrir la
vie ». Cette anecdote m’est revenue hier soir, car ce nom correspond
exactement à ce que je veux faire : Arrêtez de nourrir ma vie.
Ma vie est creuse et je n’ai pas envie de la prolonger. Me
suicider ? Non, car j’ai promis et surtout il faut bien l’avouer j’ai
perdu ce courage que me donnait l’alcool.
Si une force supérieure existe, et si je représente quelque chose,
si j’ai encore un rôle à jouer, elle saura provoquer en moi ou autour de moi
une étincelle qui me redonne envie de vivre.
Vivre ce n’est pas enchaîner les jours, qui chacun bien sur,
comportent des petits plaisirs.
Non vivre pour moi c’est pouvoir encore rêver, ou au moins avoir
des projets réjouissants. Je n’en ai plus pour le moment.
Je poserais bien la question à maman de savoir comment, à quatre
vingt dix ans, elle trouve encore de l’énergie pour se lever matin après matin.
Je n’oserais pas. Lui poser cette question serait l’inquiéter et ce genre de
réponse est bien trop personnel pour pouvoir être transposable.
Pardonnez mon écriture. Je n’ai jamais très bien écris, et je n’ai
aucune envie de faire des efforts. Fainéant ? Oui, comme toujours.
Aujourd’hui j’ai fait une grosse journée de boulot. Tout le monde
m’a trouvé fatigué, j’ai du trop forcé sur le Lexomyl hier soir.
Malgré tout je n’ai eu aucun étourdissement, ni moment
d’abattement.
J’ai même eu des compliments de Stéphane (mon chef). C’est con mais
même à cinquante ans ça fait toujours plaisir. En fin de compte je l’avais bien
trop mal jugé et bizarrement je sens que l’on se rapproche et qu’une confiance
mutuelle est en train de s’établir.
Je suis assez fier de mon équipe. Bien sur nous sommes loin de la
perfection et chacun d’entre eux à encore bien des points à améliorer. Moi le
premier, je sais que je suis très loin
de la perfection. Je manque de volonté et de suivi dan mes actions. Bien sur,
j’arrive à trouver des excuses qui ne font que masquer mes faiblesses et mes
lâchetés.
J’aime toujours M, mais j’ai perdu l’espoir de la voir réagir et
revenir. Si elle le faisait je ne sais même plus qu’elle serait ma réaction.
J’ai beaucoup trop accepté et tolérer de choses que je ne supporterais plus
aujourd’hui. Des actes banales et normaux pour elle, et totalement inacceptable
pour moi dans une relation de couple amoureux.
Je parle de « couple amoureux » car une relation de
couple « matériel », « confortable » ou
« rassurante » n’est plus pour moi sinon pourquoi aurais je divorcé
car tout cela je l’avais.
Pour moi l’amour se vit de manière exclusive, passionnée, brulant
comme un grand soleil d’été.
Je ne juge personne, je dis juste que cela ne me correspond pas.
Je pense surtout qu’un grand amour n’a pas besoin d’être
démonstratif et exubérant, mais ne doit surtout pas vivre caché. Vivre caché,
c’est vivre dans le mensonge et avec l’âge j’ai enfin compris que l’on ne peut
trouver la sérénité dans le mensonge.
Bien sur comme tout le monde il m’arrive de faire semblant. Faire
semblant d’être joyeux, d’être en forme ou intéressé…
Faire semblant pour mon travail car je me rends biens compte que
l’image que je renvois à mes collègues est le diapason de leur motivation et
implication.
Faire semblant avec ma famille pour ne pas les inquiéter, pour ne
plus être une charge pour eux.
Je ne suis pas triste, je n’ai pas envie de pleurer. Je n’ai juste
plus d’envie.
Je n’ai plus d’envie et j’ai encore des addictions.
Je n’ai plus de rêve et encore moins de cauchemars.
J’ai encore des responsabilités que je tiendrais jusqu’au bout de
mes forces même si je ne veux plus les alimenter.
J’ai décidé de ne plus nourrir ma vie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire